«tutututulu tutututulu»

- Grrrrr

«Start spreadin' the news, I'm leaving today»

- tait toi ! Laisse-moi dormir...

«I want to be a part of it...»

BBbrRRoOonSCHPPp

- ...New York, New York... grommela archer sans se rendre compte de ce qu'il venait de faire.

- Eeeeet merrr... credi ! Mon portable ! S'exclama-t-il réalisant tout à coup.

Super le réveil ! L'étudiant tenta de quitter Morphée qui s'accrochait à lui comme si il la quittait définitivement.
Heureusement que son téléphone (qui, vous l'aurez compris, faisait office de réveil) était un costaud. Zack ne semblait plus être là. Archer alluma son téléphone qui s'était éteint sous le coup. Il était tôt. Jamais le jeune homme ne se serait cru capable de se lever à heure à une pareille ! Il se félicita et s'émerveilla intérieurement.
Aujourd'hui était tout de même un grand jour pour les troisièmes années de médecine. Et il ne devait le rater pour rien au monde ! C'était celle ou allait se former les binômes hospitaliers. Celle en fait ou chaque troisième année se verrait confié à un « grand » de cinquième année afin d'être guidé et aidé dans leur première année passée à l'hôpital au contacte directe et perpétuel des patients.
Cha se demandait vraiment sur quel genre de numéros il allait tomber : sur un passionné de médecine qui passait sa vie à étudier les gens comme des cas critiques ? Sur un idéaliste utopique qui s'imaginait sauver tout le monde à lui tout seul ? Sur un hypocrite qui ne voyait que le profit ? Archer espérait vraiment tomber sur un mec qui comme lui, avait choisi médecine pour, certes le savoir considérable que l'on pouvait acquérir, mais plus encore sur un fêtard qui avait emprunté cette voie pour les soirées admirables, art dans lequel les médecins étaient passés maîtres. Aussi, une petite lueur le poussait à espérer tomber sur un futur psychopathe cannibale... tant que le courant passait entre eux et qu'ils pouvaient s'amuser ! Dans le fond le jeune homme ne demandait pas plus !
Enfin, archer se leva résolument, se doucha, s'habilla et fourra dans son sac quelques petites affaires « indispensables » dont il avait du mal à se passer lors de ses journées de travail. Et oui Archer Blackstone ne faisait pas tout dans la légalité... comme beaucoup d'étudiants ici sans doute !
Quoi qu'il en soit, il eut même le temps de prendre un petit déjeuner -ce qui n'arrivait jamais puisqu'il n'était jamais capable de se lever à l'heure !-.
Sur le trajet qui le menait au quartier latin, là où se trouvait l'hôpital hôtel-Dieu dans lequel devait se rendre les futurs médecins, Cha rencontra pas mal de ses camarades et la route en leur compagnie se révéla plutôt agréable.
Une fois les portes de l'imposant bâtiment franchies, une bouffée d'air à l'odeur très... typique des hôpitaux s'engouffra dans les pauvres narine d'Archer qui eut du mal à se retenir de grimacer. Il allait pourtant falloir qu'il s'y habitue ! Mais trop dégouté par cette première approche il ressorti aussitôt. Deux ou trois de ses compagnons ne tardèrent pas à le suivre d'ailleurs. Ensembles ils s'éloignèrent légèrement de l'hôpital afin de trouver un lieu plus tranquille ou le grand brun put sortir son « matériel »... les autres ne purent refuser ce qu'il leur proposait et... et ils finirent pas arriver en retard. Mais au moins cette fois l'horrible odeurs n'agressait plus le futur médecin. Il allait vraiment falloir qu'il tombe sur un partenaire tolérant ! Ou alors sur une partenaire ! Cette idée qui n'avait, étrangement, pas encore effleuré l'esprit d'Archer ne le quitta plus et avec ses nouveaux amis ils coururent dans les couloirs afin de plus vite admirer le sur quoi il allait tomber. Les yeux Archer brillait déjà en imaginant une grande blonde plantureuse dans une mini-blouse blanche encore un peu trop courte pour elle...
Mais tous se stoppèrent rapidement à la vue dans vieux médecin à l'air on ne peut plus sévère qui les regardait avec mépris.

- Le retard d'un médecin, un homme responsable et digne, peut être cause de mort.

Son ton cassant refroidit bien vite le petit groupe.

Le plus discrètement du monde Cha se renifla. Il sentait... très bon ! Mais pourtant ce ne serait surement pas une odeur acceptée si elle était remarquée !

Un groupe d'étudiants plus âgés arriva.

- Référez vous à la liste pour vous coupler. Grogna le docteur en désignant une affiche épinglée sur un tableau. Puis il disparut.

Archer n'eut pas le temps d'aller examiner la fameuse liste que déjà un « grand » se dirigeait vers lui.

En reconnaissant Peter, Archer ne sut pas si il pouvait s'autoriser un soupir de soulagement ou au contraire, si il lui fallait déglutir avec difficulté.
Peter SaintJames et Archer se connaissaient. Leur rencontre n'avait d'ailleurs pas tout de suite était une « belle histoire d'amitié ». Et Archer devait bien reconnaître que pour une fois il avait dû faire des efforts pour s'entendre avec quelqu'un. À présent que tout s'était arrangé entre eux, Cha n'avait vraiment pas envie que tout soit gâché. Il détestait ne pas s'entendre avec quelqu'un ! De plus cette fois, si les choses devaient mal tourner entre eux, cela serait forcément à cause de lui. Puisque c'était lui qui était en tord ! Et il était parfaitement compréhensible que le cinquième année ne supporte pas avoir un partenaire odorant des substances illégales !
Ce fut donc sans trop savoir comment réagir qu'Archer observa Peter s'approcher. Heureusement, l'interne l'accueillit amicalement sans faire aucune allusion à son retard ni à l'odeur qu'il dégageait. Le jeune étudiant en fut rassuré mais ne se permit aucune familiarité. Ce n'était pas qu'il était sur ses gardes... quoi que... si, un peu tout de même.

- Aujourd’hui on est en Pédiatrie. J’espère que tu aimes les enfants !

La plaisanterie de Peter ne parvint pas à dérider Archer qui était toujours tendu. Être avec Peter était pourtant une bonne chose. Ils se connaissaient et leurs liens n'étaient pas, n'étaient plus !, mauvais. Pourtant le grand brun ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise. Cela lui arrivait si peu de fois ! Il ne comprenait pas ce qui se passait ! Tout allait bien entre eux désormais ! Alors pourquoi Archer s'en faisait-il autant ?
Dans les couloirs qui les menaient au service de pédiatrie, Archer suivait son « mentor » docilement et en silence. Il n'osait rien dire ou faire, se contentant de garder une distance raisonnable entre lui et Peter au cas ou les narines de celui-ci n'auraient pas encore été titillées par quelques effluves... Aussi incroyable que cela puisse paraitre, le si sûr de lui Archer Blackstone s'en voulait.

- Tu verras, le service de Pédiatrie fait partie des services où il faut avoir les nerfs bien accrochés. Tu vas côtoyer des enfants de tout âge et qui affrontent constamment la maladie. Certains arrivent à la vaincre, mais malheureusement ce n’est pas le cas de tous. Crois-moi, quand tu vas voir la force avec laquelle ils font face, tu seras probablement étonné. Ils ont beau n’être que des enfants, ils sont bien plus courageux que l’ensemble de tous les patients de cet hôpital face à la mort !

Le grand brun n'avait jamais été un fan de la marmaille...

- Pour commencer, je te propose de rendre visite à Sarah, une petite fille de 6 ans qui souffre d’une leucémie. Elle vit avec cette maladie depuis un an mais ne répond plus à son traitement depuis quelques temps. Tu verras, elle est toujours réveillée à l’aube et du coup je vais toujours la voir en premier pour vérifier son état général.

La leucémie... le cancer du sang comme on l'appelait aussi parfois.
Ne lui ayant pas précisé de quelles leucémies il s'agissait exactement, le jeune étudiant ne chercha pas à se faire d'idées préalables sur la chose. Certes il se doutait que la petite devait être atteinte de la leucémie aiguë lymphoblastique (la plus courante chez les enfants), mais peut-être que pour commencer la journée en beauté Peter avait-il prévu un cas clinique particulièrement intéressant !
...Si les professeurs d'Archer s'étaient toujours émerveillés de son absence totale de compassion sur le plan médical, ils étaient en revanches effrayés par son empathie (médicale) quasi inexistante...

Les présentations faites, Archer s'imagina un instant ce que lui ressentirait dans pareille situation. Il détesterait qu'un jour son médecin arrive et lui apprenne que désormais il serait accompagné d'un pauvre ignare de la médecine tout juste bon à se taire et regarder.
Lorsque la petite Sarah tourna ses yeux d'enfant vers lui, Archer esquissa un faible sourire qu'il voulait énergique, ou au moins réconfortant. Mais rien de tout cela ne fut exprimé. Son pale sourire n'avait rien de très rassurant et il fut heureux de la voir rapidement tourner le regard dans la direction de Peter qui s'adressait à elle.
Lui, il avait quelque chose à faire ici pensa sombrement Archer en observant son ainé. Moi... je ne me suis jamais entendu avec les enfants...
Son service préféré était les urgences. Là bas, les gens étaient tous, ou au moins majoritairement, de vrais cas cliniquement intéressants. Et puis ils étaient souvent tous tellement mal qu'ils ne parlaient pas et donc Archer n'avait pas besoin de s'encombrer de dialogues inutiles, niais et ayant pour buts d'apporter une quelconque aide psychologique, un quelconque faux réconfort ou un espoir in-aboutissant.
Se rendant soudain compte qu'il n'avait pas encore articulé le moindre mot et que cela ne tarderai pas à tourner à l'impolitesse voulue et impardonnable, le jeune homme prit sur lui, inspira profondément et articula sans difficulté avec son habituel ton d'étudiant festif et heureux de vivre (il avait déjà si souvent du mimer son propre comportement...) :

- mais justement, la fièvre n'étant là que pour aider nos défenses immunitaires et nous prévenir qu'il y a une infection, ne faudrait-il pas plutôt chercher ce qui la cause au lieu de vouloir la masquer ?

Archer s'arrêta un instant et s'approcha de la petite fille. Il s'accroupit devant elle et posa sa main sur son front. Il savait que ce n'était pas un moyen efficace et encore moins scientifique de prendre une température mais sur le moment, il n'avait que cela. Évidemment, le front de la petite n'avait rien de brulant. Les médicaments faisaient bien effet. Il retira sa main et sourie à la petite avec cette fois, beaucoup plus de bonne humeur et de malice. Il se releva et se retourna vers Peter.

- un simple examen devrait pouvoir nous tenir au courant de ce qui s'ajoute à la leucémie... Arf ! Stop Archer ! Pas dans cette voie la ! Se morigéna-t-il intérieurement ; Peter semble attaché à cette fillette, ne lui parle pas d'elle comme un simple objet aux propriétés attrayantes ! Une fois cela fait, nous trouverons une infection, peut être bénigne, mais qui au moins, ne risque pas de venir plus tard compliquer les choses pour notre petite Sarah.

- Enfin je ne sais pas, c'est toi le maitre ! Ajouta-t-il en plaisantant.

« Le malheur des uns fait le bonheur des autres »... et celui de la petite fille venait justement de requinquer totalement Cha ! Plus aucune pensée sombre ne venait perturber son habituelle espièglerie. Il était enfin remis d'attaque pour cette journée !

Archer prit le dossier que lui tendait Peter et commença à lire ce qui y était inscrit. Malheureusement, son faible niveau et le fait qu'il ne soit qu'en troisième année ne lui permit pas de tout comprendre. Néanmoins, dans son désir d'éclaircir les choses et de trouver une solution à ce problème, il se surprit à faire des efforts d'attention et de réflexion. Il était là question de chimiothérapie, de l'aplasie qui en résultait...
Tout en écoutant ce que lui précisait l'étudiant à qui il avait été confié, Archer réfléchissait.
Une sorte de rejet... hum-hum... cela lui rappelait vaguement un cours de première année sur la fécondation et les premières semaines de développement de l'embryon... il y a une sécrétion d'anticorps maternels dirigés contre les antigènes venant de l'homme... oui ! C'était tout à fait cela ! Archer était sûr de lui à présent ! Des anticorps dit « facilitants » qui permettent au corps maternel justement de ne pas évacuer l'embryon. Car après tout un embryon c'est un peu comme une greffe, il n'y a que la moitié qui vient de la mère, l'autre vient du père ; et donc, de l'extérieur !
Voilà ce qu'il fallait pour Sarah ! Il fallait lui trouver dans anticorps facilitants qui lui conviendraient !
Alors qu'Archer allait exposer son idée, Peter reprit la parole mais à l'égard de la patiente cette fois.

- Si tu montrais tes talents de dessinatrice à Archer ! Tu lui fais un beau dessin et pendant ce temps on va vite voir les autres patients.

- D’accord !

Argg ! Mais qu'est-ce que tu veux que j'en fasse moi de son dessin !? Pensa Archer. Oui, l'étudiant n'aimait certes pas vraiment les enfants, mais encore moins ce qui pouvait venir d'eux. Comme par exemple les super colliers de nouilles pour les fêtes des mères ou les poèmes qui ne veulent strictement rien dire, mais qui ont tout de même le mérite de présenter des rimes, cela Archer devait l'avouer. Enfin, quand on voyait la tête de ces poèmes :
Et encore là c'est un évolué ! Parce que des :

n'étaient pas rares !
Enfin bref, Archer était bien heureux d'avoir évité l'école durant son enfance au moins pour ça : ne pas être l'auteur d'œuvres minables que ses parents auraient dû accepter en mimant l'émerveillement.
Comportement qu'il serait bien obligé d'adopter à son tour si la petite fille lui offrait réellement un de ses dessins.
En fait, il n'y avait que les enfants comme Mozart et ses productions qu'Archer appréciait ! C'était à dire vraiment très peu !...
Le signe que lui adressa Peter le fit définitivement sortir de ses pensées. Une fois à l'extérieur de la chambre, le jeune homme s'abstint de tout commentaire autre que médical. Son « mentor » pouvant encore lui adresser quelques reproches sur sa conduite, Archer tenta de se montrer le plus « professionnel » possible, ce qui, il faut l'avouer, et assez difficile lorsque l'on débute une troisième année d'étude dans un domaine qui demande environ une dizaine d'années d'apprentissage.

- Les solutions que nous pourrions apporter à Sarah ne sont pas sans risques... éradiquer toutes les cellules de sa moelle osseuse et attendre qu'elles « repoussent » normalement... et puis il y a cette histoire d'aplasie. Pendant plusieurs semaines elle courra de grands risques... et il nous faudra prendre beaucoup de précautions. Et puis il ne faudrait pas non plus que la chimiothérapie soit effectuée à une dose trop importante. Sinon, c'est la mort assurée !

- à moins qu'elle ne soit atteinte d'une leucémie chronique mais ce n'est pas le cas d'après ce que j'ai compris...

Archer tenta de se remémorer un instant ce qu'il avait déjà pu apprendre sur la leucémie... « c'est la moelle qui continue de fonctionner mais les cellules produites qui ne sont pas opérationnelles »...

De toute façon, il n'y avait pas 36 solutions aux yeux du jeune et inexpérimenté étudiant. Mais bien évidemment, tout cela il le garda pour lui et n'en dit mot. Peter, déjà bien plus au courant que lui sur la question devait ou bien partager son point de vue, ou alors peut être se voilait-il un peu la face à cause de l'affection évidente qu'il portait à la petite fille...
Archer espéra sincèrement que son ainé ne s'investisse pas autant du point de vue de l'affecte pour tous ses autres patients. Enfants ou adultes. Sinon, il finirait sans doute par être ajouté à la longue liste des médecins dépressifs ou suicidés.

Reste humble, reste humble... Archer se répéta cet ordre une dizaine de fois. Peut-être n'était-il pas imbue de sa personne, mais il était très sûr de lui et pensait souvent avoir raison. Dans le domaine médical toutefois, il devait bien reconnaître qu'il n'était pas au sommet de la chaine et que même si Peter n'y était pas encore non plus, lui au moins avait deux de plus question années d'études et donc question savoir et pratique.

- Enfin... je ne suis pas un spécialiste de la leucémie, du haut de mes trois années, je ne peux pas dire grand-chose. Toutefois, puisque tu dis toi-même que le traitement n'est plus efficace, qu'elle n'y répond plus, alors je pense que la greffe devrait être envisagée.

T'avais bien commencé... mais pas super bien finit ! Tu n'as plus qu'a te rattraper ! Se dit-il à lui même.

- Je dis cela malgré toute mon ignorance, continua-t-il en riant.

- Mais je n'aurais pas attendu. Reprit-il plus sérieusement. Dès que le traitement aurait cessé de faire ses effets, j'aurais sérieusement envisagé une greffe et sans doute même l'aurais déjà réalisée.

Et voilà tu ne peux vraiment pas t'en empêché !

- Après, il est évident que je ne connais pas tous les risques, les autres solutions...

Le futur médecin aimait certes les cas épineux mais se lassait aussi très vite. Et la déjà, il commençait à sentir que le cas de la petite Sarah ne parviendrait plus à le tenir encore bien longtemps. Il avait hâte de voir autre chose et de passer dans un autre service ! Mais bien sûr il ne se faisait pas d'illusion, il savait pertinemment qu'il devrait encore se coltiner toute la matinée avant avait de pouvoir voir autre chose. Et puis après tout, le programme de l'après-midi serait peut-être encore pire ! Comme...
Gériatrie !
L'H-O-R-R-E-U-R !


[Je n'en suis vraiment pas fier... Je me rattraperai la prochiane fois !]